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15/11/2005

Le "Rei" (Salut), un arbre qui cache la forêt du "Rei Gi" (Code de politesse, de courtoisie et des convenances)...

Saluer à la japonaise dans le cadre de la pratique d'un art martial traditionnel est un acte formel qui engage le pratiquant à avoir en permanence un comportement conforme aux valeurs du Budô.

Ce salut a le plus souvent été « récupéré » par des disciplines dont la pratique n'a plus rien de martial et ne correspond plus qu’à un folklore extrême oriental dont on ignore le sens. Le salut pratiqué n'importe comment la plupart du temps, et sans âme (sans Kokoro) est inutile.

L'affirmation qui dit « le Budô commence par le Rei Gi et fini par le Rei Gi » prend là tout son sens.

Combien de fois, j'ai observé cette scène, où l'élève saluait en début de cours alors qu'il était arrivé en retard, ou après une absence à un cours précédent, ou avec une tenue d'entraînement sale etc…, sans avoir été préalablement s'en excuser auprès du professeur.Une telle attitude rend le Rei vide de sens, il est même à l'inverse plus proche de l’insulte que d'une marque de politesse.

Dans une pratique traditionnelle ceci n'existe pas, car il est de la responsabilité du Sensei d'éduquer ses deshi dans la compréhension du Rei Gi, puis dans les détails d'un Rei executé de la façon la plus parfaite. Je dis toujours que le Rei est la première technique à étudier quand on aborde un art martial. Et comme les autres techniques, il n’y aura pas de fin dans la progression de son exécution.

Un Rei mal réalisé en dit long sur la pratique de l'élève, et sur l'enseignement du professeur.Chacun doit donc considérer comme sa responsabilité première de faire apparaître dans le Rei tout le respect qu’il a envers son Sensei, ses Senpaï et toutes les personnes qui lui ont permis être là.

Je me remémore un texte que Sensei IKEDA  Shigéo aimait  à offrir et qui exprime bien comment doit être le cœur et l’âme de celui qui salut :

«  Un travail quotidien de l'état d'âme, de la conscience, de l'énergie positive, et de la volonté s’exprime par cinq mots-clés :

Premièrement « Oui » : avoir un esprit et un comportement pur et toujours disponible dans une volonté d'action immédiate.

Premièrement « Excusez-moi » : avoir un esprit et un comportement prêt à reconnaître sans honte ses erreurs et à s'en excuser.

Premièrement « Grâce à vous » : avoir un esprit et un comportement dont la modestie exprime la reconnaissance envers les autres sans qui nous n'existons pas.

Premièrement « Je le fais » : avoir un esprit et un comportement de sacrifice et de service pour autrui.

Premièrement « Merci » : avoir un esprit et un comportement de gratitude et de remerciement. »

13/11/2005

Une transmission individuelle...

Quand une nouvelle personne postule à son intégration dans le groupe, je suis toujours dissuasif, car je veux m'assurer qu'il n'y a pas de sa part une erreur d'interprétation sur le « contrat moral d'adhésion » proposé.

Beaucoup de disciplines sont enseignées de nos jours d'une manière collective comme s'il était possible de transmettre des choses essentielles aux multiples composantes d'un groupe pris en quelque sorte comme un individu unique. On privilégie ainsi l'accession de tous, à un niveau moyen et uniquement technique, à ces disciplines auxquelles on a retiré le plus souvent tout ce qui en faisait l'intérêt. Cette façon de faire trouve aussi sa justification dans la rentabilité financière recherchée. L'élève qui reçoit cet enseignement n’en reçoit qu'une partie édulcorée. La conséquence de ce type de pratique est la rotation importante constatée chez les élèves des professeurs qui enseignent de cette façon. Le plus souvent ceci ne porte pas à conséquence, car l'élève lui-même est demandeur d'apparence, et passe le plus clair de son temps à faire "ses courses "dans le supermarché des multiples disciplines qui sont proposées à toute la population moyennant finances.

La vraie transmission ne peut se faire ainsi. Seules des corrections individuellement faites, et adaptées à chaque personne peut donner le résultat espéré. Chaque individu est différent, et les chemins à emprunter pour arriver au sommet doivent être choisis avec soin à chaque moment de la progression. De cette façon, personne n'est abandonné sur le bord du chemin quand la décision est prise de faire  la route ensemble.

En contrepartie, le deshi doit être prévenu des difficultés, et des embûches qu’il aura à surmonter, et du niveau d'exigence qu'il aura à supporter, tant sur le plan technique que sur le plan de ses comportements dans sa vie de tous les jours.

Le « contrat moral d'adhésion » prévoit comme seule contrepartie un engagement à une progression tant technique, morale et culturelle afin de transmettre le jour venu dans les mêmes conditions l’enseignement reçu.

On dit au Japon : "Quand un Sensei a trouvé un "Deshi" dans sa vie, il doit en remercier les dieux chaque jour"

Une voie difficile à emprunter...

Les contraintes et les exigences extrêmes d'une pratique rigoureuse amènent à la découverte d'une liberté à la mesure des efforts déployés.

Les gestes peuvent être encore et encore identiques, les situations ne le sont pas, car la technique n’est qu'un support. Le Budô n'est pas ce qu'on voit mais ce qu'on est quand on a pratiqué quotidiennement et rigoureusement durant de longues années.

Le but est d'obtenir de celui qui rejoint cette forme de pratique la même exigence dans sa vie de tous les jours et dans ses rapports avec les personnes qu'il est amené à côtoyer.

Dans notre société d'aujourd'hui, un tel comportement n'est pas facile à adopter car les valeurs n'ont pas seulement changé, elles ont le plus souvent disparu.

Là aussi se changer soi-même est difficile, mais porteur de satisfaction extrême. L'exemple est contagieux et nous remarquons tous après quelques années une modification des comportements de nos proches.

Quel bonheur de vivre en accord avec ses principes et ses valeurs…

12/11/2005

Utiliser la technique comme un support...

Etre un « Sensei » c’est être un bon « Deshi » toute sa vie
 

Le Japon s’est toujours distingué des autres pays dans beaucoup de domaines, mais cette spécificité trouve à s’exprimer pleinement dans l’ensemble des arts, qu’ils soient d’origine japonaise ou d’origine occidentale.
Ce qui rend différent tout art pratiqué « à la Japonaise », c’est d’abord cette forme particulière de transmission de Sensei (Maître) à deshi (disciple) qui repose sur des principes très anciens d’éducation.Cette originalité qu’on rencontre dans cette relation humaine qui mêle respect et fidélité ne peut conduire qu’à une forme de pratique qui dépasse largement le cadre purement technique de la discipline enseignée. Celle-ci n’étant qu’un support à une exigence qui doit s’intégrer dans la vie de chacun.

Utiliser son art comme un outil, un moyen de se construire.

Les modifications des règles de vie en société, si elles ont permis parfois des avancées considérables en terme d’amélioration des conditions de vie quotidienne, ont eu comme conséquence une dégradation des valeurs spirituelles qui sont les véritables richesses culturelles d’un pays.

L’outil a remplacé en importance, ce qu’il servait à fabriquer

L’artiste n’est reconnu qu’à travers le prix qu’on donne à ses œuvres et non à travers l’élévation spirituelle qu’il a atteint dans la recherche de l’excellence de la pratique de son art. Les règles qui sous-tendent les rapports entre les hommes changent, leurs préoccupations  se transforment, leurs objectifs de vie évoluent. C’est dans l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants que se reflètent ces changements qui intègrent de moins en moins les valeurs qui au fil du temps façonnent la culture d’un pays. Ces arts ont été nourris des valeurs propres à l’âme japonaise. Il est temps que ces arts nous aident à retrouver le goût des valeurs perdues à travers une approche traditionnelle intégrée à un monde qui bouge.

C’est cette volonté de changer les comportements, et de participer à une revalorisation des rapports humains qui est la base de cette réflexion au quotidien.

 

08/11/2005

Pratiquer L'école Muso Jikiden Eishin

"Je souhaite vivement que celui qui désire apprendre le Iai de notre école se perfectionne, sans ajouter la moindre opinion personnelle aux Katas transmis depuis les temps anciens jusqu'a nos jours, ni altérer les formes que nous ont légué tous nos maîtres, mais étudie avec la conviction ferme de les transmettre correctement aux générations futures.

Le sabre, c'est l'esprit.

Si l'esprit est droit, le sabre est droit. Si l'esprit n'est pas droit, le sabre n'est pas droit non plus.

Qui désire apprendre le sabre doit d'abord redresser son propre esprit, car il est racine, sans s'interesser à l'extrémité des branches, calmer son esprit par les techniques, et se promettre ainsi d'atteindre l'esprit harmonieux.

Gravez dans votre coeur que le Iai est un art de l'esprit auquel on dévoue toute son energie et toute sa vie avec une résolution inébranlable."

FUKUI Torao 21èmè Soke

 

 

07/11/2005

Le Dôjô SHOSHINKAN

Les arts martiaux japonais étant une partie de ce qu’on appelle plus généralement le Bushido (la voie des guerriers), leur pratique ne se conçoit pas sans l’acceptation du respect des traditions dans lesquelles ils ont baigné depuis leurs origines.

Cette recherche des formes du passé doit tendre à une meilleure compréhension des techniques qui sont pratiquées au Dôjô.
Le SHOSHIN-KAN permet la pratique des arts martiaux japonais dans le respect des traditions et dans une atmosphère favorable à l’entraînement et aux échanges.
En japonais « KAN » signifie le « LIEU » (dans notre cas le DOJO). « SHOSHIN » s’écrit à l’aide de deux caractères qui signifient « JUSTESSE » et « VERITE », l’ensemble exprimant « AUTHENTICITE».

Le Dôjô SHOSHIN-KAN est fondé en 1989, par quatre français parmi lesquels Jacques MARTIANO, dont l’objet était la pratique des Arts Martiaux japonais dans leurs formes traditionnelles.
Cette aventure de 12 ans  est aussi très étroitement liée au laïdo, et plus particulièrement à l’école Muso Jikiden Eishin Ryu.
C’est Maître IKEDA Shigéo 8ème Dan Hanshi de l’école qui est l’artisan de cette histoire qu’on peut qualifier d’exceptionnelle pour un Dôjô français.
Maître IKEDA est né à Kyoto et s’entraîna longtemps au Kendo à OTOKUMI Dôjô (dirigé par son oncle IWAI Saburo), puis sa recherche et sa passion pour le katana le conduisirent naturellement vers le laïdo.
En 1989, la rencontre entre Jacques MARTIANO, pratiquant d’arts Martiaux japonais et passionné de laïdo, et Maître IKEDA sera le départ d’une histoire ininterrompue. Depuis cette période, Maître IKEDA, patiemment a consacré toute son énergie à la progression de Jacques MARTIANO et des élèves de celui-ci avec une telle générosité qu’à elle seule elle justifie l’hommage que tous lui rendent régulièrement.
Durant des années, la famille IKEDA accueille Jacques MARTIANO comme l’un des leurs, et il reçoit l’enseignement de Maître IKEDA Shigéo. Tout semble être un terrain d’apprentissage à se conduire dans la vie du mieux possible. Maître IKEDA Shigéo est sur tous les fronts pour faire progresser Jacques MARTIANO. Les occasions d’apprendre sont nombreuses (4 à 5 fois par an en moyenne). Et puis tous ces appels téléphoniques, ces télécopies et ces courriers qui démontraient une volonté farouche d’élargir l’enseignement technique à l’éducation de l’homme dans son entier.

Grâce a cette relation, le Dôjô SHOSHIN-KAN devient un point de passage obligé pour les pratiquant d’arts martiaux traditionnels japonais en France et en Europe.
Les relations tissées par Maître IKEDA Shigéo conduisent à recevoir régulièrement les équipes du japon de karaté ou de kendo quand il passe à Paris.Les maîtres les plus connus rendent  visite au Dôjô SHOSHIN-KAN dont la forme d’exploitation traditionnelle est déjà hors norme à l’époque.
De nombreux articles de journaux  ou reportages de télévision sont fait, et attestent de cette renommée exceptionnelle pour « un petit Dojo privé » qui n’avait pas été préparé à ça.

Le Dôjô SHOSHIN-KAN, accueillait le jeudi 9 juin 1994 le 2lème Soké de l’école Muso Jikiden Eishin Ryu. Le Soké ayant été nommé “Muke bunka zai” (traduit généralement en français par “Trésor Culturel National Incorporel”) quelques mois plus tôt, cette visite avait un caractère tout à fait exceptionnel.
A cette occasion, le 2lème Soké FUKUÏ Torao a officiellement accrédité le Dôjô SHOSHIN-KAN pour l’enseignement de l’école Muso Jikiden Eishin Ryu.

Le 28 août 1994, lors d’une démonstration qu’ils font ensemble au BUDOKAN de Tokyo, Maître IKEDA Shigéo  et Jacques MARTIANO rencontrent Monsieur HASHIMOTO Ryutaro. Celui-ci rendra visite au Dôjô SHOSHIN-KAN en septembre 1998

En 1998, Maître IKEDA se trouve atteint par une grave maladie qui l’empêche d’exercer physiquement son art. Malgré cela il devient de plus en plus présent, tant l’homme est unique. De nouveaux élèves pratiquent sous sa direction sans l’avoir jamais vu sortir le katana…
En 1999, le Dôjô SHOSHIN-KAN fête son 10ème anniversaire en grandes pompes. L’ambassadeur MATSUURA Koichiro a fait spécialement le déplacement. Il deviendra quelques temps après président de l’UNESCO.
FUKUÏ Torao Soké décède en juin 2000.
C’est en mai 2001, alors qu’il est de plus en plus faible que Maître IKEDA Shigéo décide de faire avec Jacques MARTIANO le voyage qui va les conduire à GIFU, chez Maître FUKUI Masataka, 10ème Dan Hanshi de l’école, fils de FUKUÏ Torao Soké.
A cette rencontre Maître IKEDA demande à Maître FUKUI de prendre en charge Jacques MARTIANO au cas où il lui arriverait quelque chose.

Après avoir lutté avec force contre la maladie, Maître IKEDA Shigéo est décédé le 24 juillet 2001. Depuis Maître FUKUI Masataka, a pris en charge Jacques MARTIANO, qui se rend au Japon tous les 2 mois environ pour recevoir son enseignement.

Terminons en citant quelques mots rédigés par Jacques MARTIANO lors du 10ème anniversaire du Dôjô SHOSHIN-KAN :
 « Je voudrais dédier cette soirée à mon Maître, IKEDA Shigéo, 8ème dan Hanshi de l’école de laïdo Muso Jikiden Eishin Ryu.
Les remerciements que j’ai à lui adresser sont ceux du cœur, et aucun mot ne peut les exprimer tant la dette accumulée est grande. Le respect que je lui porte est sans faille et sans limite. Je le prie de bien vouloir m’excuser pour les efforts qu’il a déployés sans compter, afin que je m’améliore sans cesse dans l’esprit et dans la technique. J’espère qu’un jour, il sera récompensé de sa générosité. »