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12/01/2006

Tenir ses promesses, « Yakusoku o mamoru »

« Yakusoku o mamoru », Le Budô c’est cela, et uniquement cela.

Quand mon Shishô IKEDA Shigéo Sensei m’a enseigné cela il y a bien des années, j’avais déjà en moi cette conviction, mais il m’a fallu plusieurs années pour en comprendre l’importance et le véritable sens.

J’ai longtemps cru que « tenir ses promesses » et « respecter sa parole » avait la même signification, mais il n’en est rien. Les promesses les plus difficiles à respecter sont celles qu’on se fait à soi même, sans autre témoin que son propre cœur, sa propre conscience.

Il est parfois très difficile d’expliquer cela dans un monde où la plupart des personnes avec lesquelles nous vivons ont du mal à respecter leurs propres engagements écrits, et signés en présence parfois de témoins. Ne pas céder à la tentation d’en faire de même est la seule réponse possible à de telles attitudes, même si parfois il reste en bouche un goût d’amertume qu’il est difficile de faire partir.

Ma vie est depuis longtemps résolument tournée dans cette direction, et j’ai petit à petit appris à vivre avec toutes ces promesses que j’ai en moi, et qui n’ont d’existence que pour moi. Quand on sait que le terme « Yakusoku » signifie aussi « Rendez-vous » en japonais, on peut comprendre la complexité du respect de cette démarche.

Dès qu’on s’engage dans le Budô, on adhère d’abord à cette valeur qui en représente l’essence, et le Shishô, qui est le garant de la transmission, ne peut accepter de défaillance importante en la matière sans en tirer de conséquences. Dans les cas graves le Deshi sera purement et simplement rejeté du groupe « Ha mon ».

Quand on exerce ce type de responsabilité, il est toujours difficile de prendre ce type de décision et quoiqu’on fasse, le cœur en reste meurtri à jamais, car on se sent toujours responsable de ne pas avoir su déceler plus tôt que le Deshi ne serait pas capable d’assumer ses propres choix de vie.

Ma quête d’une progression infinie…

Classez les pratiquants d’un art, fut il martial, en niveaux supérieurs ou inférieurs n’est pas conforme à mon approche de l’art où la problématique se situe dans la recherche d’une vérité derrière une apparence, et ou chacun des « artistes » apporte quelque chose de lui dans cette démarche.A qui viendrait-il à l’idée de dire que Picasso était supérieur à Michel ange, que Mozart l’était à Chopin, ou Baudelaire à Apollinaire ? Ou de les classer en leurs donnant des rangs ?Qui oserait se prononcer sur les niveaux de  MIYAMOTO Musashi, SASAKI Kojiro ou SAKAMOTO Ryoma ?

Comme je l’ai longuement exposé dans une autre note, la technique n’est qu’un support, un moyen de se construire. Donner une note à la technique, c’est passer à coté de l’essentiel en faisant croire aux pratiquants que leurs efforts doivent se réduire aux éléments qui servent à les noter.Cette attitude est parfaitement concevable dans le cadre de la pratique d’un sport ou est évaluée la performance physique, mais absolument pas dans celle du Budô.

Ce qui est condamnable, c’est l’ambiguïté savamment entretenue dans certains groupes qui laissent à penser que l’attribution de ces niveaux techniques s’accompagne d’une reconnaissance simultanée d’un niveau « spirituel ». Il n’en est rien bien sur, mais pour des néophytes l’affaire est entendue.

Si la progression dans le Budô passe au début de sa vie par la recherche de l’excellence de la technique, il faut bien reconnaître qu’il est nécessaire de le faire le plus vite possible pour se servir au mieux de ce support qui bien vite vous abandonne avec les années qui passent. Mais si la transmission a été bien faite, vous vous apercevez un jour que vous avez simplement changé de support, et que votre progression dans l’amélioration du « Kokoro » s’envole vers l’infini…

Dans ce contexte le niveau de chacun ne peut être que subjectif, de la même façon que l’on est libre de penser que tel ou tel artiste est le meilleur dans son domaine.

Le désir des hommes à accéder au pouvoir, si petit soit-il, les amène à vouloir se noter à l’aide d’échelles objectives pour se comparer les uns aux autres, et fixer ainsi, sans ambiguïté et sans remise en cause possible, les conditions de leur vie dans le groupe auquel ils appartiennent.Dans ce cadre là, réduire une pratique à la technique est rassurant car cette attitude évite de se poser les véritables problèmes liés à la transmission. Personne ne doit pouvoir s’intercaler entre le Shishô et le Deshi, et en tout cas pas des structures qui viendraient superposer une relation hiérarchique artificielle  à celle qui existe nécessairement  entre le Shishô et le Deshi et qui est une relation basée sur un respect, une confiance mutuelle, et une acceptation librement consentie qui repose sur la conviction d’un enrichissement réciproque.

Malheureusement, nombreux sont ceux, qui ont cru progresser sur la voie du Budô en se voyant progresser sur celle de la technique prise comme une finalité. Ils se sont fait abuser par l’octroi de niveaux techniques supposés être porteurs d’autres choses qui n’ont jamais existé, et se retrouvent abandonnés avec les années par cette même technique, mais restent détenteurs de diplômes sanctionnant un niveau qu’ils n’ont plus depuis longtemps.Indépendamment du caractère inutile et incohérent de ce type de niveaux dans un contexte d’apprentissage du Budô, il faut souligner que le classement en échelles fermées aux extrémités limite la progression en laissant penser que l’accession au niveau supérieur est le but a atteindre.

Ma quête est celle de mon Shishô IKEDA Shigéo Sensei, c’est celle qui me permet de croire que tout est accessible même l’impossible.

L’ambition de chacun doit être d’accéder et de dépasser le niveau de nos anciens et de nos Shishô, car c’est la seule façon de les remercier de ce qu’ils ont donné. Je m’y attache et aident mes Deshi à marcher dans cette voie. Le Shishô est un guide et à ce titre se doit d’être le garant d’une vraie progression.

07/12/2005

Elève-Professeur ou Deshi-Shishô : Faire tomber les masques…

J’utilise volontairement ces mots, en évitant le mot « Sensei » qui ôté de son véritable contexte peut prêter à confusion tant son utilisation au Japon est courante dans toutes les situations où l'on rencontre une personne qui possède un savoir aussi petit soit-il. Les non- japonais ayant vu apparaître ce terme de Sensei dans le judo puis dans le karaté, en ont déduit hâtivement et abusivement que celui-ci signifiait uniquement « Maître ».Il n’en est rien. Il est très difficile de trouver dans le langage de pays aussi différents que la France et le Japon des mots dont les sens seraient exactement identiques.
Pour permettre à ceux qui liront ces quelques lignes de mieux en comprendre les sens que je souhaite leurs donner, je pourrais parler pour la relation Deshi-Shishô de relation Disciple-Maître. Mais aussi proche soit-elle la traduction est imparfaite, et je préfère garder ici le terme de Deshi et Shishô

Contrairement à la relation Elève-Professeur la relation Deshi-Shishô ne se construit pas unilatéralement.

En effet, dans la relation Elève-Professeur, le plus souvent c’est le professeur qui fait acte de « candidature » (par tout type de « communication » interposée) afin de proposer un enseignement dont le contenu est bien défini. Tellement défini, que la contrepartie en est nettement annoncée, fixée et identique pour tous. L'Elève lui est un consommateur de prestations, et à ce titre il pourra même la juger et éventuellement la contester. Comme la contrepartie est fixée, l’Elève estime qu'il remplit le contrat dès le moment où il la règle.
Cette relation est totalement « équilibrée » à partir du moment où chacun est parfaitement conscient du rôle qui lui revient.
Malheureusement si cette situation est parfaitement claire dans la plupart des disciplines, elle ne l'est pas dans la nébuleuse des sports de combat que certains nomment abusivement « arts martiaux » pour des raisons d’égo personnel car il est sans doute valorisant pour eux de faire comme s'ils faisaient partie d'un groupe porteur d’une histoire sans en respecter les règles, et sans en avoir les obligations. Dans ce type de relations où les professeurs se prennent souvent pour des Shishô et les Elèves pour des Deshi tout en prenant garde de se maintenir dans des relations conformes au modèle expliqué ci-dessus, il est difficile pour le profane de s’y retrouver. C’est sans doute fait pour cela.
A la décharge de certains, force est de constater que peu ont vécu une relation de Deshi-Shishô. D’autres par contre se complaisent dans ce rôle qui leur donne le plus souvent une sensation de « pouvoir » qu’ils ne pourraient avoir autrement.

On dit au Japon : « quand le Deshi est prêt il rencontre le Shishô et réciproquement. »

Dans tous les autres cas, la relation se réduira à celle présentée précédemment. Ce qui ne veut pas dire que cette relation Elève-Professeur est dénuée d'intérêt, mais elle n'est pas celle qui conduit aux valeurs du Budô, et je ne l'évoquerai plus qu'incidemment à titre de comparaison.
Etre un Deshi dans le Budô c’est d’abord être dans un état permanent d’attention envers les autres.
Cette voie qui conduit à devenir « Samuraï », est toujours vivante bien que ce terme puisse paraître quelque peu anachronique quand on le prend dans son sens guerrier. Mais en fait ce terme signifie dans la forme la plus humble de la langue japonaise : « être à coté d’une personne de rang plus élevé, prêt à servir, et dans l’attente du moment pour intervenir » et rien de plus. Mais pour bien servir il faut s'améliorer sans cesse pour donner toujours plus sans rien espérer en retour. C'est cette attitude, qui va conduire le Deshi dans la voie d'un comportement qui se veut exemplaire, et qui passe d'abord par le respect du « Rei Gi » envers le Shishô, envers ses Sempaï, envers les autres Deshi, et puis envers toutes les personnes rencontrées au fil de sa vie. Ceci afin de porter haut les couleurs du groupe auquel on appartient, et pour remercier ceux qui consacrent leur temps et leur énergie au maintien de ces traditions.
Toutes les règles à respecter ne sont pas écrites car l’attitude dont on parle est celle du  coeur et doit être adoptée sans obligation, et sans contrainte imposée.
Ceci implique entre le Shishô et le Deshi une véritable complicité, un rapport étroit ou le « Kokoro » régit la relation au quotidien. (Je parlerai du Kokoro dans une prochaine note).

Il est donc inutile, de dresser une liste de ce qu’on attend d’un Deshi car cela serait nécessairement réducteur dans un comportement qui se veut en constant progrès, sans limite et adapté aux situations qui se présentent et qui sont toutes différentes.
L'important est l'attitude permanente à l'écoute des autres, l'exemple des anciens et de son Shishô qui montre le chemin. On dit au Japon qu'accéder au « Yamato Damashi » c’est comprendre 12 quand on vous apprend 1…
On est bien loin de la relation Elève-Professeur qui se traduit par une présence le plus souvent irrégulière à un ou deux cours par semaine dans un enseignement collectif ou comme je l'ai dit la « transmission » est impossible.

Ne rien attendre en retour ne signifie pas ne rien recevoir en retour.

Le Shishô n’a comme  objectif que de maintenir la transmission de valeurs sans lesquelles la vie n'a aucun intérêt. L’impossibilité de respecter ces convictions en a conduit certains dans le passé à préférer le suicide rituel du « Seppuku » à une vie vide de sens.
Le Deshi et le Shishô se reconnaissent quand ils se rencontrent.  Cela a été le cas pour moi et IKEDA Shigeo Sensei il y a maintenant des années. Nous avons su au même moment que quelque chose se passait, et même si l'un de nous est parti prématurément notre histoire n'est pas finie.

Il n'attendait rien en retour, mais j'ai encore beaucoup à lui rendre.

Pour s'engager sur cette voie, et dans ce type de relations, je dirai qu'il faut avoir le « Kokoro i ki » (on pourrait dire un cœur pur plein d’énergie et une âme à l’unisson) afin que chacun des deux lise à livre ouvert dans le coeur de l'autre. Seule cette condition permet d'éviter les erreurs à court, moyen ou long terme. En effet, des deux côtés, il est facile d'abuser un « coeur pur » en maquillant ses propres sentiments, et en créant ainsi de toute pièce un personnage qui ressemble à celui que l'autre souhaitait rencontrer.
J'ai connu ces expériences où les années ont servi de démaquillant à des coeurs qui ne méritaient pas ce qu’on leur offrait. Je ne regrette rien car je n'attendais rien en retour. Je préfère regarder avec fierté ceux qui sont encore là, et qui progressent chaque jour en m’aidant ainsi dans ma recherche personnelle.

Quand j'ai demandé un jour à IKEDA Sensei si je pourrai m'acquitter de la dette que j'estimais avoir contractée durant toutes ces années passées auprès de lui, il m'a répondu : « Non… Mais rends à d'autres »

Je ne dissocie jamais le Shishô et le Deshi, car ils ne sont rien à l'un sans l'autre.
Une fois le lien établi rien ne pourra le défaire même le décès de l'un ou l'autre, bien au contraire… À cet instant, le Deshi se doit d'adopter une attitude de confiance aveugle envers son Shishô. Ce dernier adoptera une attitude responsable en s'attachant à enseigner au Deshi tous les comportements qui lui permettront de s'élever dans tous les compartiments de sa vie dans le respect de cette confiance qui lui a été accordée. Le Shishô adaptera son enseignement au  Deshi afin de permettre à celui-ci de s'épanouir de la meilleure façon qui soit.
Grâce à cela et à la progression du Deshi, le Shishô lui aussi pourra s'élever dans sa propre recherche.

Savoir attendre celui qui sera son Shishô… Savoir attendre celui qui sera son Deshi…

Ça ne veut pas dire perdre son temps. Se préparer à « la rencontre » peut prendre des années mais seule cette démarche l’engendrera. C'est le seul moyen d'être dans l'état de comprendre que c'est « lui ». Cela signifie être prêt à rencontrer l'homme au-delà de la technique qui lui sert de support pour transmettre car la technique, aussi bonne soit elle, ne doit pas dissimuler, et c’est fréquent, les lacunes du cœur.

Dans ces conditions le Deshi peut aspirer à dépasser le Shishô pour le remercier de l'enseignement reçu. Le Shishô lui doit sans cesse se faire en sorte d'apporter à son Deshi les moyens de le dépasser un jour pour ainsi remercier ses anciens de la transmission reçue.

15/11/2005

Le "Rei" (Salut), un arbre qui cache la forêt du "Rei Gi" (Code de politesse, de courtoisie et des convenances)...

Saluer à la japonaise dans le cadre de la pratique d'un art martial traditionnel est un acte formel qui engage le pratiquant à avoir en permanence un comportement conforme aux valeurs du Budô.

Ce salut a le plus souvent été « récupéré » par des disciplines dont la pratique n'a plus rien de martial et ne correspond plus qu’à un folklore extrême oriental dont on ignore le sens. Le salut pratiqué n'importe comment la plupart du temps, et sans âme (sans Kokoro) est inutile.

L'affirmation qui dit « le Budô commence par le Rei Gi et fini par le Rei Gi » prend là tout son sens.

Combien de fois, j'ai observé cette scène, où l'élève saluait en début de cours alors qu'il était arrivé en retard, ou après une absence à un cours précédent, ou avec une tenue d'entraînement sale etc…, sans avoir été préalablement s'en excuser auprès du professeur.Une telle attitude rend le Rei vide de sens, il est même à l'inverse plus proche de l’insulte que d'une marque de politesse.

Dans une pratique traditionnelle ceci n'existe pas, car il est de la responsabilité du Sensei d'éduquer ses deshi dans la compréhension du Rei Gi, puis dans les détails d'un Rei executé de la façon la plus parfaite. Je dis toujours que le Rei est la première technique à étudier quand on aborde un art martial. Et comme les autres techniques, il n’y aura pas de fin dans la progression de son exécution.

Un Rei mal réalisé en dit long sur la pratique de l'élève, et sur l'enseignement du professeur.Chacun doit donc considérer comme sa responsabilité première de faire apparaître dans le Rei tout le respect qu’il a envers son Sensei, ses Senpaï et toutes les personnes qui lui ont permis être là.

Je me remémore un texte que Sensei IKEDA  Shigéo aimait  à offrir et qui exprime bien comment doit être le cœur et l’âme de celui qui salut :

«  Un travail quotidien de l'état d'âme, de la conscience, de l'énergie positive, et de la volonté s’exprime par cinq mots-clés :

Premièrement « Oui » : avoir un esprit et un comportement pur et toujours disponible dans une volonté d'action immédiate.

Premièrement « Excusez-moi » : avoir un esprit et un comportement prêt à reconnaître sans honte ses erreurs et à s'en excuser.

Premièrement « Grâce à vous » : avoir un esprit et un comportement dont la modestie exprime la reconnaissance envers les autres sans qui nous n'existons pas.

Premièrement « Je le fais » : avoir un esprit et un comportement de sacrifice et de service pour autrui.

Premièrement « Merci » : avoir un esprit et un comportement de gratitude et de remerciement. »

13/11/2005

Une transmission individuelle...

Quand une nouvelle personne postule à son intégration dans le groupe, je suis toujours dissuasif, car je veux m'assurer qu'il n'y a pas de sa part une erreur d'interprétation sur le « contrat moral d'adhésion » proposé.

Beaucoup de disciplines sont enseignées de nos jours d'une manière collective comme s'il était possible de transmettre des choses essentielles aux multiples composantes d'un groupe pris en quelque sorte comme un individu unique. On privilégie ainsi l'accession de tous, à un niveau moyen et uniquement technique, à ces disciplines auxquelles on a retiré le plus souvent tout ce qui en faisait l'intérêt. Cette façon de faire trouve aussi sa justification dans la rentabilité financière recherchée. L'élève qui reçoit cet enseignement n’en reçoit qu'une partie édulcorée. La conséquence de ce type de pratique est la rotation importante constatée chez les élèves des professeurs qui enseignent de cette façon. Le plus souvent ceci ne porte pas à conséquence, car l'élève lui-même est demandeur d'apparence, et passe le plus clair de son temps à faire "ses courses "dans le supermarché des multiples disciplines qui sont proposées à toute la population moyennant finances.

La vraie transmission ne peut se faire ainsi. Seules des corrections individuellement faites, et adaptées à chaque personne peut donner le résultat espéré. Chaque individu est différent, et les chemins à emprunter pour arriver au sommet doivent être choisis avec soin à chaque moment de la progression. De cette façon, personne n'est abandonné sur le bord du chemin quand la décision est prise de faire  la route ensemble.

En contrepartie, le deshi doit être prévenu des difficultés, et des embûches qu’il aura à surmonter, et du niveau d'exigence qu'il aura à supporter, tant sur le plan technique que sur le plan de ses comportements dans sa vie de tous les jours.

Le « contrat moral d'adhésion » prévoit comme seule contrepartie un engagement à une progression tant technique, morale et culturelle afin de transmettre le jour venu dans les mêmes conditions l’enseignement reçu.

On dit au Japon : "Quand un Sensei a trouvé un "Deshi" dans sa vie, il doit en remercier les dieux chaque jour"

Une voie difficile à emprunter...

Les contraintes et les exigences extrêmes d'une pratique rigoureuse amènent à la découverte d'une liberté à la mesure des efforts déployés.

Les gestes peuvent être encore et encore identiques, les situations ne le sont pas, car la technique n’est qu'un support. Le Budô n'est pas ce qu'on voit mais ce qu'on est quand on a pratiqué quotidiennement et rigoureusement durant de longues années.

Le but est d'obtenir de celui qui rejoint cette forme de pratique la même exigence dans sa vie de tous les jours et dans ses rapports avec les personnes qu'il est amené à côtoyer.

Dans notre société d'aujourd'hui, un tel comportement n'est pas facile à adopter car les valeurs n'ont pas seulement changé, elles ont le plus souvent disparu.

Là aussi se changer soi-même est difficile, mais porteur de satisfaction extrême. L'exemple est contagieux et nous remarquons tous après quelques années une modification des comportements de nos proches.

Quel bonheur de vivre en accord avec ses principes et ses valeurs…

12/11/2005

Utiliser la technique comme un support...

Etre un « Sensei » c’est être un bon « Deshi » toute sa vie
 

Le Japon s’est toujours distingué des autres pays dans beaucoup de domaines, mais cette spécificité trouve à s’exprimer pleinement dans l’ensemble des arts, qu’ils soient d’origine japonaise ou d’origine occidentale.
Ce qui rend différent tout art pratiqué « à la Japonaise », c’est d’abord cette forme particulière de transmission de Sensei (Maître) à deshi (disciple) qui repose sur des principes très anciens d’éducation.Cette originalité qu’on rencontre dans cette relation humaine qui mêle respect et fidélité ne peut conduire qu’à une forme de pratique qui dépasse largement le cadre purement technique de la discipline enseignée. Celle-ci n’étant qu’un support à une exigence qui doit s’intégrer dans la vie de chacun.

Utiliser son art comme un outil, un moyen de se construire.

Les modifications des règles de vie en société, si elles ont permis parfois des avancées considérables en terme d’amélioration des conditions de vie quotidienne, ont eu comme conséquence une dégradation des valeurs spirituelles qui sont les véritables richesses culturelles d’un pays.

L’outil a remplacé en importance, ce qu’il servait à fabriquer

L’artiste n’est reconnu qu’à travers le prix qu’on donne à ses œuvres et non à travers l’élévation spirituelle qu’il a atteint dans la recherche de l’excellence de la pratique de son art. Les règles qui sous-tendent les rapports entre les hommes changent, leurs préoccupations  se transforment, leurs objectifs de vie évoluent. C’est dans l’éducation qu’ils donnent à leurs enfants que se reflètent ces changements qui intègrent de moins en moins les valeurs qui au fil du temps façonnent la culture d’un pays. Ces arts ont été nourris des valeurs propres à l’âme japonaise. Il est temps que ces arts nous aident à retrouver le goût des valeurs perdues à travers une approche traditionnelle intégrée à un monde qui bouge.

C’est cette volonté de changer les comportements, et de participer à une revalorisation des rapports humains qui est la base de cette réflexion au quotidien.

 

07/11/2005

Le Dôjô SHOSHINKAN

Les arts martiaux japonais étant une partie de ce qu’on appelle plus généralement le Bushido (la voie des guerriers), leur pratique ne se conçoit pas sans l’acceptation du respect des traditions dans lesquelles ils ont baigné depuis leurs origines.

Cette recherche des formes du passé doit tendre à une meilleure compréhension des techniques qui sont pratiquées au Dôjô.
Le SHOSHIN-KAN permet la pratique des arts martiaux japonais dans le respect des traditions et dans une atmosphère favorable à l’entraînement et aux échanges.
En japonais « KAN » signifie le « LIEU » (dans notre cas le DOJO). « SHOSHIN » s’écrit à l’aide de deux caractères qui signifient « JUSTESSE » et « VERITE », l’ensemble exprimant « AUTHENTICITE».

Le Dôjô SHOSHIN-KAN est fondé en 1989, par quatre français parmi lesquels Jacques MARTIANO, dont l’objet était la pratique des Arts Martiaux japonais dans leurs formes traditionnelles.
Cette aventure de 12 ans  est aussi très étroitement liée au laïdo, et plus particulièrement à l’école Muso Jikiden Eishin Ryu.
C’est Maître IKEDA Shigéo 8ème Dan Hanshi de l’école qui est l’artisan de cette histoire qu’on peut qualifier d’exceptionnelle pour un Dôjô français.
Maître IKEDA est né à Kyoto et s’entraîna longtemps au Kendo à OTOKUMI Dôjô (dirigé par son oncle IWAI Saburo), puis sa recherche et sa passion pour le katana le conduisirent naturellement vers le laïdo.
En 1989, la rencontre entre Jacques MARTIANO, pratiquant d’arts Martiaux japonais et passionné de laïdo, et Maître IKEDA sera le départ d’une histoire ininterrompue. Depuis cette période, Maître IKEDA, patiemment a consacré toute son énergie à la progression de Jacques MARTIANO et des élèves de celui-ci avec une telle générosité qu’à elle seule elle justifie l’hommage que tous lui rendent régulièrement.
Durant des années, la famille IKEDA accueille Jacques MARTIANO comme l’un des leurs, et il reçoit l’enseignement de Maître IKEDA Shigéo. Tout semble être un terrain d’apprentissage à se conduire dans la vie du mieux possible. Maître IKEDA Shigéo est sur tous les fronts pour faire progresser Jacques MARTIANO. Les occasions d’apprendre sont nombreuses (4 à 5 fois par an en moyenne). Et puis tous ces appels téléphoniques, ces télécopies et ces courriers qui démontraient une volonté farouche d’élargir l’enseignement technique à l’éducation de l’homme dans son entier.

Grâce a cette relation, le Dôjô SHOSHIN-KAN devient un point de passage obligé pour les pratiquant d’arts martiaux traditionnels japonais en France et en Europe.
Les relations tissées par Maître IKEDA Shigéo conduisent à recevoir régulièrement les équipes du japon de karaté ou de kendo quand il passe à Paris.Les maîtres les plus connus rendent  visite au Dôjô SHOSHIN-KAN dont la forme d’exploitation traditionnelle est déjà hors norme à l’époque.
De nombreux articles de journaux  ou reportages de télévision sont fait, et attestent de cette renommée exceptionnelle pour « un petit Dojo privé » qui n’avait pas été préparé à ça.

Le Dôjô SHOSHIN-KAN, accueillait le jeudi 9 juin 1994 le 2lème Soké de l’école Muso Jikiden Eishin Ryu. Le Soké ayant été nommé “Muke bunka zai” (traduit généralement en français par “Trésor Culturel National Incorporel”) quelques mois plus tôt, cette visite avait un caractère tout à fait exceptionnel.
A cette occasion, le 2lème Soké FUKUÏ Torao a officiellement accrédité le Dôjô SHOSHIN-KAN pour l’enseignement de l’école Muso Jikiden Eishin Ryu.

Le 28 août 1994, lors d’une démonstration qu’ils font ensemble au BUDOKAN de Tokyo, Maître IKEDA Shigéo  et Jacques MARTIANO rencontrent Monsieur HASHIMOTO Ryutaro. Celui-ci rendra visite au Dôjô SHOSHIN-KAN en septembre 1998

En 1998, Maître IKEDA se trouve atteint par une grave maladie qui l’empêche d’exercer physiquement son art. Malgré cela il devient de plus en plus présent, tant l’homme est unique. De nouveaux élèves pratiquent sous sa direction sans l’avoir jamais vu sortir le katana…
En 1999, le Dôjô SHOSHIN-KAN fête son 10ème anniversaire en grandes pompes. L’ambassadeur MATSUURA Koichiro a fait spécialement le déplacement. Il deviendra quelques temps après président de l’UNESCO.
FUKUÏ Torao Soké décède en juin 2000.
C’est en mai 2001, alors qu’il est de plus en plus faible que Maître IKEDA Shigéo décide de faire avec Jacques MARTIANO le voyage qui va les conduire à GIFU, chez Maître FUKUI Masataka, 10ème Dan Hanshi de l’école, fils de FUKUÏ Torao Soké.
A cette rencontre Maître IKEDA demande à Maître FUKUI de prendre en charge Jacques MARTIANO au cas où il lui arriverait quelque chose.

Après avoir lutté avec force contre la maladie, Maître IKEDA Shigéo est décédé le 24 juillet 2001. Depuis Maître FUKUI Masataka, a pris en charge Jacques MARTIANO, qui se rend au Japon tous les 2 mois environ pour recevoir son enseignement.

Terminons en citant quelques mots rédigés par Jacques MARTIANO lors du 10ème anniversaire du Dôjô SHOSHIN-KAN :
 « Je voudrais dédier cette soirée à mon Maître, IKEDA Shigéo, 8ème dan Hanshi de l’école de laïdo Muso Jikiden Eishin Ryu.
Les remerciements que j’ai à lui adresser sont ceux du cœur, et aucun mot ne peut les exprimer tant la dette accumulée est grande. Le respect que je lui porte est sans faille et sans limite. Je le prie de bien vouloir m’excuser pour les efforts qu’il a déployés sans compter, afin que je m’améliore sans cesse dans l’esprit et dans la technique. J’espère qu’un jour, il sera récompensé de sa générosité. »